Retour sur l’édition 2019

JAM 2019

Du haut de ses 28 ans, Kimberly Kitson Mills est déjà surnommée la « Diva de la soul ». Auteure-compositrice, elle interprèta avec son groupe Kimberose, leur 1er album « Chapter One » en soirée d’ouverture, jeudi 28 mars. Une nouveauté des plus jazzy est venu compléter, cette année, le concept du Jazz à Megève, le JAMY, une scène « Jeunes Talents » pour quatre groupes qui ont eu l’honneur de jouer au Palais en première partie de Kimberose. Une soirée au tarif unique de 15€ qui invita à vivre le jazz de manière incontournable !
Dee Dee Bridgewater, chanteuse de jazz américaine, s’est produit vendredi 29 mars au Festival International Jazz à Megève avec son album « Memphis… Yes, I’m ready”, opus avec lequel elle signe un véritable retour à ses racines musicales.
Thomas Dutronc clôtura le festival, avec son groupe « Les Esprits Manouches ». Chanteur guitariste, passionné de Django Reinhardt, il profita de la scène du Jazz à Megève pour se livrer au public avec les titres de son nouvel enregistrement « Live is Love ».

Merci pour cette belle édition 2019, rendez-vous en Mars 2020 !

Thomas Dutronc, l’élégant troubadour

Thomas Dutronc

Qu’est-ce que vous appréciez dans un festival comme Jazz à Megève ?

Nous sommes des troubadours, nous adorons jouer partout… comme ce soir à Megève ! En tout cas, j’espère que nous sommes un peu comme des docteurs musicaux ? Nous venons soigner les gens avec nos jolies notes. Un médecin s’il n’a pas de malades, il est un peu gêné, pourtant son rêve c’est qu’il n’y ait plus de malades, c’est ça le dilemme du docteur (rires) ! On met le doigt sur des choses très intéressantes et nous, c’est pareil, nous attendons un public nombreux…

Après, la particularité de votre festival est qu’il est le premier de la saison. Habituellement, les festivals se déroulent plutôt l’été. Jazz à Megève inaugure donc la saison festivalière et cela fait très plaisir d’ouvrir le bal, ici à Megève.

Vous connaissiez notre village ?

Oui, je suis déjà venu plusieurs fois à Megève, j’ai même joué lors d’un festival, il y a plus de 15 ans, avec un trio de guitares. Ce soir, avec les Esprits Manouches, nous intégrons des titres que nous n’avons pas l’habitude de jouer en festival. J’espère que cela va prendre auprès des spectateurs, je ne sais pas trop à quel public m’attendre. Chaque festival est différent, chaque public aussi… Megève je ne me rappelle pas, je ne sais pas si c’est un public cool, un peu sophistiqué, un peu marrant… je n’en ai aucune idée !

Hier, je n’ai rencontré que des gens rigolos, un peu délirants mais peut-être que là, ça va être beaucoup plus sérieux…

Vous avez pu profiter d’une journée à Megève ?

Oui, nous avions une journée off hier et nous avons fini la soirée dans un établissement mègevan jusqu’assez tard. Nous avons vraiment bien ri !

De manière générale, vous associez la montagne plutôt à l’été ou l’hiver ?

J’aime beaucoup la montagne mais je ne skie pas ! Je connais plus la montagne corse car j’y réside une partie de l’année. Là-bas, des guides m’ont montré des massifs que les natifs ont l’habitude d’escalader, cela me laisse admiratif ! Pour moi, la montagne est sublime mais peut se révéler dangereuse. Il y a vraiment un rapport très fort qui s’installe parfois…
En tout cas, été ou hiver, je ne sais pas… l’été il fait trop chaud, l’hiver, trop froid… je crois que je suis plus intersaison (rires) !

Thomas Dutronc

Parlons musique, en quoi se distingue le Jazz Manouche ?

Le Jazz Manouche est ainsi appelé, tout simplement car c’est un style musical joué par les manouches, même si en tant que gadjo (dans le vocabulaire gitan, terme désignant une personne n’appartenant pas à leur communauté, ndlr), nous avons le droit de le jouer. Chez eux, ils jouent une musique jazz avec des accords riches, compliqués, avec des mélodies et toute la communauté écoute cette musique. Ils adorent ça !
Ils affectionnent particulièrement les combats de guitare. Ils envisagent pour beaucoup la musique comme la boxe, ils veulent battre à tout prix la personne en face. Ils veulent être celui qui jouera plus vite, plus fort… Nous, en tant que musicien, nous allons jouer la musique pour faire passer une émotion mais ce côté-là du jazz manouche n’est pas inintéressant car ça donne un certain dynamisme. Ce n’est pas un jazz intellectuel et ça me plaît !

Après, pour moi, tout vient de Django Reinhardt, qui était un génie ; toutes ses phrases allaient droit au cœur car tout était musical, tout chantait, tout était mélodie… Le Jazz manouche s’écoute, mais se vit surtout ! Ainsi, pour moi, un concert est réussi lorsque les gens se lèvent. J’espère que le public de Megève va se lever et danser ce soir…

Dee Dee Bridgewater, de Memphis à Megève…

Artiste et femme passionnée, Dee Dee Bridgewater est la plus française des chanteuses de jazz américaines. De passage sur la scène de notre Festival Jazz à Megève, elle nous a confié son amour de la France et de la station !

Dee Dee je crois que vous connaissez bien notre village…

Je suis venue quelques fois en vacances à Megève ; c’est un village pour lequel j’ai beaucoup d’affection ! J’adore admirer ses montagnes… Ici, j’ai l’impression d’être si proche de la nature, une nature incroyable, et la vie semble si douce.

J’y ai également joué plusieurs concerts, c’est d’ailleurs lors de ma première scène que j’ai découvert le village, en hiver sous la neige, c’était tellement magique que j’ai eu envie de revenir pour y passer quelques jours. J’aimais profiter des joies du ski mais je rêve depuis toujours de découvrir le village en été ; je n’ai jamais eu l’occasion de le faire ! J’ai même pensé à une époque faire l’acquisition d’une maison ici…

À Megève, je m’amusais beaucoup, et l’ambiance correspond bien à mon côté BCBG (rires).

En dehors de Megève, vous avez longtemps habité en France…

Oui, j’ai vécu durant des années à côté de Sarcelles, à Garges-lès-Gonnesses. C’est une autre de mes facettes, mon côté simple, naturel… D’ailleurs, lorsque j’étais invitée sur les plateaux de télévision, cela étonnait beaucoup les journalistes mais moi, je m’y plaisais infiniment.

J’ai rencontré tellement de nationalités différentes réunies en un même endroit, des personnes qui venaient de partout sur la planète : Antilles, Madagascar, Réunion, Afrique… J’étais fascinée et en quelque sorte, je me suis trouvée là-bas !

Si nous parlons musique, qu’appréciez-vous dans les festivals comme Jazz à Megève ?

La plupart du temps, les festivals comme le vôtre sont orchestrés par la commune ; cela me touche car je sais qu’une telle organisation représente beaucoup de travail ! Ce qui est également fantastique c’est que tout le village participe et soutient l’événement ; partout les artistes y sont bien accueillis !

Bien sûr, il y a aussi les rencontres et échanges avec les autres musiciens. Quand j’ai la possibilité de rester sur la durée d’un festival, ce sont des moments qui me plaisent énormément

Dee Dee Bridgewater

Est-ce que vous diriez qu’un lien particulier vous lie au public français ?

Bien sûr ! Je suis LA chanteuse de jazz la plus française ! La France est mon deuxième pays. J’ai passé la moitié de ma vie d’adulte ici. Mon fils vit aussi en France, sa femme est française… et je crois qu’un jour, je reviendrai y vivre ! J’ai envie de finir ma vie ici…

Je ne sais pas pourquoi mais au fond de moi, je me sens aujourd’hui un peu plus française qu’américaine. D’ailleurs aux Etats-Unis, je vis à la Nouvelle-Orléans, et j’y ai trouvé mes repères car toutes les indications sont également inscrites en français. Désormais, je ne pourrai vivre dans aucun autre état américain… N’importe où aux Etats-Unis où je chante, je retrouve toujours des français dans la salle. Et dès que j’entends un accent français, je réagis tout de suite, j’adore parler cette langue !

Que vous a apporté la France ?

La France fait totalement partie de moi, elle m’a tout donné ; je dois beaucoup à ce pays. J’ai grandi ici en tant qu’adulte, j’ai tout réalisé en tant qu’artiste. Jamais mon talent n’a été remis en cause ! On m’a offert la possibilité de réussir, de devenir une chanteuse indépendante… C’est ici que j’ai signé mon 1er contrat de licence avec une Maison de disques… Je trouve ça extraordinaire !

À une époque, lorsque je vivais en France, j’étais invitée sur les tous plateaux télé des émissions de jazz ; nous étions peu dans ce cas ! Il y avait Michel Petrucciani aussi mais à part nous deux, très, très peu ! On m’a ouvert grand les portes ici, ça me touchait profondément…

Aux Etats-Unis, je n’aurais jamais pu parvenir à tout cela !

Des souvenirs incroyables de partage… Aujourd’hui, sentez-vous une certaine connexion avec la jeune génération comme vous avez pu avoir avec Michel par exemple ?

Dee Dee Bridgewater

Cette transmission je pense l’avoir avec ma fille China ! Je crois que je lui ai communiqué ma joie de chanter, mon expérience mais pour le reste, je lui laisse découvrir.

Je suis à un stade de ma vie où j’ai compris que chaque individu doit faire son propre chemin… à commencer par mes enfants. Mon fils, de retour maintenant en France, est musicien. Il a choisi de porter mon nom pour débuter sa carrière. Pour ma part, je n’aurais peut-être pas fait ce choix. China, elle, porte son patronyme, « Moses ». Elle n’a pas rencontré de difficultés particulières, peut-être que sa réussite aura pris un peu plus de temps… Bien sûr, tout le monde sait que c’est ma fille mais il n’y a jamais eu de comparaison, on a toujours accepté China pour la personne et l’artiste qu’elle est…

En ce sens, c’est sûrement plus simple !

Question toute trouvée ! Avec un fils musicien et une fille chanteuse, à quand l’album familial ?

J’ai déjà chanté sur un disque de China ; Gabriel a joué son mon album Red Heart… Avec China, nous réfléchissons à un projet commun…

Alors, nous vous invitons bientôt en famille pour une prochaine édition de Jazz à Megève ?

Ok, pourquoi pas ?! En tout cas, c’est un grand plaisir pour moi de me retrouver ici à Megève, une de mes villes préférées en France ! Je suis vraiment très, très émue d’être de retour et de présenter le village à mes musiciens.