L’œil de Philip Ducap

Philip Ducap est le photographe officiel du festival international Jazz à Megève. Au bord de la scène, en backstage, dans le village, appareil photo en bandoulière, il est partout. Rencontre avec un passionné de photos… et de jazz..

Quand avez-vous commencé à faire des photos sur les festivals ?

J’ai appris la photo en travaillant comme photographe de plateau au cinéma, puis par la photo de mode. J’ai travaillé pendant 15 ans avec deux grands photographes de mode. Ayant vécu à Miami et à New York et voyagé partout dans le monde pendant 25 ans, j’ai eu envie de me poser. Antibois d’origine, je me suis réinstallé sur la Côte d’Azur et qui dit Antibes, dit Jazz à Juan.

Quand êtes-vous devenu le photographe de ce festival ?

Philippe Baute, le directeur de Jazz à Juan m’a présenté Jean-René Palacio (directeur artistique de Jazz à Juan et du festival international Jazz à Megève, ndlr) et tous deux m’ont permis de réaliser mon premier reportage artistique lors de Jazz à Juan 2012. J’ai eu une démarche différente de celle des autres photographes : en prenant les artistes de dos plutôt que face à la scène. Cela a donné des images insolites, qui faisaient bien ressortir l’univers du jazz et de la scène du point de vue d’un musicien. Jean-René m’a alors proposé de venir sur le festival Jazz à Monte-Carlo et de réaliser une exposition à l’Opéra Garnier, sur le thème du jazz. Il m’a ensuite permis d’intervenir sur le Monte-Carlo Sporting Summer festival.

Philip Ducap

Quels souvenirs gardez-vous de la première édition ?

Il y avait un beau menu, entre le glamour de Melody Gardot ou de Selah Sue, la majesté de Paolo Conte, la présence folle de Marcus Miller et de belles découvertes comme Alune Wade ou Grand Pianoramax. La mise en place de la salle était top. J’ai été extrêmement bluffé par l’acoustique. La première édition était très complet, mais authentique et à taille humaine. Cela a été un superbe festival.

Dans quel état d’esprit êtes-vous à quelques jours du premier concert ?

J’ai conscience d’avoir une chance terrible d’être là. C’est un beau témoignage de confiance, un honneur d’être le photographe officiel du festival de Megève. Je suis super motivé et heureux de rencontrer M. Eddy, une icône ou Macy Gray que j’adore. C’est un grand cadeau et j’ai hâte d’y être !

Megève et le jazz : toute une histoire

Tout comme les calèches, le vieux bois et l’art de vivre, le Jazz est une tradition à Megève. Une histoire d’amour et de musique qui débute après la Seconde Guerre Mondiale, dans un pays avide de liberté et de bonheur simple.
joueuse de piano

Pourquoi Megève ?

Peut-être pour le charme de ses rues pavées et de ses bars obscurs et cosy, ou pour le décor d’exception qu’offrent ses montagnes tantôt enneigées tantôt verdoyantes.
Dans une ambiance que l’on aime s’imaginer enfumée, les clubs de Jazz de la station-village – dont Les Cinq Rues, le plus mythique, est toujours en activité – ont accueilli dès les années 50 des noms devenus aujourd’hui des références du genre : Sydney Bechet, Claude Bolling, Maxime Saury ou encore la belle Rhoda Scott, qui se souvient y avoir passé des « soirées vraiment fantastiques [qui se] terminaient au petit matin » (source : Megève Magazine – Décembre 1998).

Le Megève Jazz Festival

L’histoire s’est poursuivie en 1988 avec la création du premier Megève Jazz Festival. Orchestré par Poumy Arnaud, dernier batteur de Sydney Bechet, l’évènement a accueilli pendant plus de 10 ans des artistes de grande renommée, tels que Ray Charles en 1992, Lionel Hampton et Sacha Distel en 1993, mais aussi Nina Simone, Dee Dee Bridgewater, Michel Petrucciani, et bien d’autres.

Sacha Distel
Sacha Distel © Archives Municipales / Fond Bouillé
Ray Charles
© Ray Charles Video Museum
Si ce festival n’est plus aujourd’hui, la musique jazz a continué d’irriguer les rues du village par son groove ensoleillé : désireux de faire la part belle aux amateurs, Poumy Arnaud a lancé en 1994 le Megève Jazz Contest, compétition de Jazz New Orleans rassemblant 14 groupes de musiciens pour trois jours de fête et de découverte qui prennent place début juillet, entre scènes extérieures, parades et concerts intimistes.

Mais tradition pouvant aussi rimer avec modernité, Megève se fait depuis 2009 l’hôte de l’Electro Jazz Festival, un évènement dédié aux nouvelles influences du Jazz et à sa rencontre avec l’électro, le funk, le hip-hop ou encore la house.
C’est donc tout naturellement que le Festival International Jazz à Megève vient compléter cette offre en y apportant une touche de prestige et d’exception… De quoi ravir des spectateurs en quête de nouvelles émotions ! #MinuteVintage : juste pour le plaisir, une petite photo d’Eddy Mitchell à Megève datant de 1969…

Eddy Mitchell
© Tops-Socquet

#JAM2016 : une première édition étincelante !

La programmation exceptionnelle de la première édition du festival international Jazz à Megève a rapidement conquis le public

Les concerts affichaient complet

Chaque soir, plus de 1000 spectateurs ont réservé une standing ovation aux artistes dans une ambiance survoltée.

Angelo Debarre, accompagné de Marius Apostol et des Gipsy Unity, a lancé avec maestria cette première édition. Les musiciens ont épaté l’assistance par leur virtuosité et leur habileté. Melody Gardot, sa présence, sa voix, son interprétation unique, a ensuite proposé un show de haute volée qui a fait vivre au public de Megève une soirée mémorable !

Le lendemain, l’Américaine Stacey Kent a créé une ambiance romantique. La chanteuse à la voix rare a enchaîné les magnifiques ballades, pour une soirée pleine d’émotions. Le crooner italien Paolo Conte a ensuite investi la scène avec ses mélodies naviguant entre jazz et blues. Il a entonné de sa belle voix rauque ses plus grands succès, tels le fameux « Via con me », repris en chœur par un public conquis.

Entre solos époustouflants, morceaux d’anthologie et énergie communicative, pour la troisième Manu Katché a montré toute sa fougue à la batterie. Accompagné de musiciens hors pair, il a enchaîné les titres dans une ambiance magique que Marcus Miller a perpétuée. Le bassiste au talent fou était accompagné de Selah Sue en special guest. Le duo, reprenant des standards du jazz ou les plus grands succès de la chanteuse belge, ont merveilleusement conclu le festival, millésime 2016.

Le festival Off a lui aussi tenu toutes ses promesses : les brass band ont déambulé dans les rues et se sont même invités sur le domaine skiable de Megève, créant une incroyable émulation. L’ambiance électrique ou plus feutrée des after jazz a littéralement embarqué le public, toujours plus nombreux chaque soir. Tout au long du week-end, les spectateurs ont découvert toutes les facettes du jazz grâce à deux scènes ouvertes au cœur du village. L’attendu groupe Gospel pour 100 voix a enflammé la place pour clore en magie une première édition indéniablement réussie.
Des spectateurs comblés, des artistes ultra talentueux, des concerts infiniment intimistes, tel a été le cocktail parfait du tout premier festival international Jazz à Megève. Un succès que les organisateurs comptent bien rééditer lors de la seconde édition !