Thomas Dutronc, l’élégant troubadour

Thomas Dutronc

Qu’est-ce que vous appréciez dans un festival comme Jazz à Megève ?

Nous sommes des troubadours, nous adorons jouer partout… comme ce soir à Megève ! En tout cas, j’espère que nous sommes un peu comme des docteurs musicaux ? Nous venons soigner les gens avec nos jolies notes. Un médecin s’il n’a pas de malades, il est un peu gêné, pourtant son rêve c’est qu’il n’y ait plus de malades, c’est ça le dilemme du docteur (rires) ! On met le doigt sur des choses très intéressantes et nous, c’est pareil, nous attendons un public nombreux…

Après, la particularité de votre festival est qu’il est le premier de la saison. Habituellement, les festivals se déroulent plutôt l’été. Jazz à Megève inaugure donc la saison festivalière et cela fait très plaisir d’ouvrir le bal, ici à Megève.

Vous connaissiez notre village ?

Oui, je suis déjà venu plusieurs fois à Megève, j’ai même joué lors d’un festival, il y a plus de 15 ans, avec un trio de guitares. Ce soir, avec les Esprits Manouches, nous intégrons des titres que nous n’avons pas l’habitude de jouer en festival. J’espère que cela va prendre auprès des spectateurs, je ne sais pas trop à quel public m’attendre. Chaque festival est différent, chaque public aussi… Megève je ne me rappelle pas, je ne sais pas si c’est un public cool, un peu sophistiqué, un peu marrant… je n’en ai aucune idée !

Hier, je n’ai rencontré que des gens rigolos, un peu délirants mais peut-être que là, ça va être beaucoup plus sérieux…

Vous avez pu profiter d’une journée à Megève ?

Oui, nous avions une journée off hier et nous avons fini la soirée dans un établissement mègevan jusqu’assez tard. Nous avons vraiment bien ri !

De manière générale, vous associez la montagne plutôt à l’été ou l’hiver ?

J’aime beaucoup la montagne mais je ne skie pas ! Je connais plus la montagne corse car j’y réside une partie de l’année. Là-bas, des guides m’ont montré des massifs que les natifs ont l’habitude d’escalader, cela me laisse admiratif ! Pour moi, la montagne est sublime mais peut se révéler dangereuse. Il y a vraiment un rapport très fort qui s’installe parfois…
En tout cas, été ou hiver, je ne sais pas… l’été il fait trop chaud, l’hiver, trop froid… je crois que je suis plus intersaison (rires) !

Thomas Dutronc

Parlons musique, en quoi se distingue le Jazz Manouche ?

Le Jazz Manouche est ainsi appelé, tout simplement car c’est un style musical joué par les manouches, même si en tant que gadjo (dans le vocabulaire gitan, terme désignant une personne n’appartenant pas à leur communauté, ndlr), nous avons le droit de le jouer. Chez eux, ils jouent une musique jazz avec des accords riches, compliqués, avec des mélodies et toute la communauté écoute cette musique. Ils adorent ça !
Ils affectionnent particulièrement les combats de guitare. Ils envisagent pour beaucoup la musique comme la boxe, ils veulent battre à tout prix la personne en face. Ils veulent être celui qui jouera plus vite, plus fort… Nous, en tant que musicien, nous allons jouer la musique pour faire passer une émotion mais ce côté-là du jazz manouche n’est pas inintéressant car ça donne un certain dynamisme. Ce n’est pas un jazz intellectuel et ça me plaît !

Après, pour moi, tout vient de Django Reinhardt, qui était un génie ; toutes ses phrases allaient droit au cœur car tout était musical, tout chantait, tout était mélodie… Le Jazz manouche s’écoute, mais se vit surtout ! Ainsi, pour moi, un concert est réussi lorsque les gens se lèvent. J’espère que le public de Megève va se lever et danser ce soir…